Paroles
Une jeune fillette
de noble coeur,
Plaisante et joliette
de grand' valeur,
Outre son gre on l'a rendu' nonnette
Cela point ne luy haicte
dont vit en grand' douleur.
Vn soir apres complie
seulette estoit,
En grand melancolie
se tourmentoit,
Disant ainsi, douce Vierge Marie
Abregez moy la vie,
puisque mourir je doy.
Mon pauvre coeur
souspire incessament,
Aussi ma mort
desire journellement.
Qu'a mes parens ne puis mander n'escrire,
Ma beaute fort empire,
je vis en grand tourment.
Que ne m'a-t-on donnee
a mon loyal amy,
Qui tant m'a desiree
aussi ay-je moy luy,
Toute la nuict my tiendroit embrassee
Me disant la pensee
et moy la mienne a luy.
A Dieu vous dy mon pere,
ma mere e mes parens,
Qui m'avez voulu faire
nonette en ce couvent,
Ou il n'y a point de resjouissance,
Je vis en desplaisance
je n'attens que la mort.
La mort est fort cruelle
a endurer,
Combien qu'il faut par elle
trestous passer.
Encor'est plus grand mal que j'endure,
Et la peine plus dure
qu'il me faut supporter.
A Dieu vous dy
les filles de mon pays,
Puis qu'en cest' Abbaye
me faut mourir,
En attendant de mon Die la sentence,
Je vy en esperance
d'en avoir réconfort.