Paroles
1. Ce soir là, sous son ombrage,
L'orme nous réunissait,
Tout autour dans le feuillage,
Un vent léger frémissait
La lune à demi voilée,
Déjà ne paraissait plus,
Et la cloche ébranlée
Rappelait l'Angélus.
2. On sait bien que c'est là l'heure
Où les morts aiment à quitter
Leur triste et sombre demeure
Pour venir nous visiter.
À revoir encore la terre,
Ils trouvent quelques appas
Et surtout mon grand-père,
Car il n'y manquait pas.
3. C'est alors que notre tante
Nous conta, le coeur saisi,
L'histoire affreuse et constante
D'Enguerrand, sire de Coucy.
Tenez, tenez-nous, dit-elle,
Voyez au pied du côteau,
Cette tour qui chacelle :
C'était là son château.
4. De Dieu n'ayant point la crainte,
Décidé sans croire à rien,
Le Pasteur, en terre sainte,
N'inhuma point ce païen.
Mais pourtant, et voyez comme,
Diue confond l'esprit borné :
Dieu rendit ce saint homme
Le jouet d'un damné.
5. Tous les soirs, quand la nuit sombre
S'étendait sur ce verger,
Le curé voyait dans l'ombre
Un fantôme s'allonger !
Le spectre vers sa fenêtre,
S'allait placer à pas lents,
Attachant sur le prêtre
Des yeux étincelants.
6. Quel récit! Ma tante à peine
Ainsi que nous respirait,
Quand, soudain, traînant sa chaîne
Un spectre nous apparaît.
De la forêt ténébreuse,
Il sortait en gémissant,
D'une pâleur affreuse,
Et toujours grandissant.
7. Chacun fuit, se précipite,
En criant de loin merci !
À l'âme errante et maudite
D'Enguerrand sire de Coucy
Le seule Élise à sa place
Demeura sans s'émouvoir.
Et pourquoi cette audace ?
Vous allez le savoir.
8. Pour un beau jeune homme éprise
D'un amour honnête et doux,
Au revenant notre Élise
Avait donné rendez-vous.
On sourit à leur adresse,
Et l'hymen, très promptement,
Couronna la tendresse
De ce couple charmant.