Paroles
1. Dans cette riante demeure,
Je n'ai jamais eu pour soucis
Que la rapidité de l'heure,
Lorsqu'entouré de vrais amis,
Et regardant tourner la terre
Par ses plus beaux couchants soleils,
Je leur chantais, levant mon verre,
Dans les lueurs des soirs vermeils.
0 vieille terre trop petite,
Quelle est la fureur qui t'excite
A tourner ainsi sans raison?
Pourquoi nous dévider si vite
Les plus beaux jours de la saison ?
2. Là j'ai vu la muse nouvelle,
Ses cheveux d'or en coup de vent,
M'apparaître riante et belle
Comme un grand, clair soleil levant
Remontant des effets aux causes,
Elle m'a parlé d'avenir
C'était dans la saison des roses,
Et je cherche à me souvenir.
3. Hier, j'ai vu les hirondelles
Pépitant toutes à la fois,
Avant de fuir à tire-d'ailes,
Tenir conseil sur les vieux toits.
Et les voilà toutes parties;
Les blés sont verts, les étourneaux
Tourbillonnent sur les prairies;
J'entends croasser les corbeaux.
4. Les cimes des chênes rougissent,
Les peupliers sont jaune d'or,
Mais les chrysanthèmes fleurissent
Et semblent dire Espère encor !
La rose aussi me dit Espère !
Comme pâquerette, sa sœur,
Petite fleur aventurière
Qui croît toujours en la chaleur.
5. Déjà la froidure s'avance,
L'automne tire à son déclin;
J'ai perdu jusqu'à l'espérance
De l'été de la Saint-Martin.
On ne se sent plus aussi brave,
Car l'egoïsme a répondu
Quand on n'a plus de vin en cave.
Le temps de danser est venu.
6. Mais si la terre est trop petite,
L'hirondelle, qui le sait bien,
Suit le soleil et va plus vite :
L'homme reste, il ne connait rien.
Prends ton mauteau, muse frileuse
Je connais les chemins vermeils
De l'hirondelle aventureuse;
Allons chercher d'autres soleils.