Paroles
— Marianson, dame jolie,
Où est allé votre mari ?
— Mon mari est allé-z-en guerre,
Ah ! je ne sais s’il reviendra.
— Marianson, dame jolie,
Prêtez-moi vos anneaux dorés.
— Il sont dans l’ coffre, au pied du lit ;
Ah ! prends les clefs et va les qu’ ri’.
— Bel orfèvrier, bel orfèvrier,
Faites-moi des anneaux dorés.
Qu’ils soy-ent faits aussi parfaits,
Comm’ les ceuz’de Marianson.
Quand il a eu ses trois anneaux,
Sur son cheval est embarqué.
Le premier qu’il a rencontré
C’était l’ mari d’ Marianson
— Ah ! bonjour donc, franc cavalier ;
Quell’ nouvell’ m’as-tu apportée ?
— Ah ! des nouvell’ s je n’en ai pas,
Que les ceuz’ de Marianson.
— Marianson, dame jolie,
Ell’ m’a été fidèle assez.
— Oui, je le crois, je le décrois :
Voilà les anneaux de ses doigts.
— Tu as menti ! franc cavalier :
Ma femme m’est fidèle assez.
Sa femm’ qu’était sur les remparts,
Et qui le voit venir là-bas :
— Il est malade ou bien fâché,
C’est une chos’ bien assurée.
Ah ! maman, montre-lui son fils :
Ça lui réjouira l’esprit.
— Ah ! tiens, mon fils, voilà ton fils.
Quel nom donn’ ras-tu à ton fils ?
— À l’enfant je donn’ rai un nom,
À la mère, un mauvais renom.
A pris l’enfant par le maillot,
Trois fois par terre il l’a jeté.
Marianson, par les cheveux,
À son cheval l’a-t-attachée.
Il a marché trois jours, trois nuits,
Sans regarder par derrièr’ lui.
Au bout des trois jours et trois nuits,
A regardé par derrièr’ lui.
— Marianson, dame jolie,
Où son les anneaux de tes doigts ?
— Ils sont dans l’ coffre, au pied du lit ;
Ah ! prends les clefs et va les qu’ ri’.
Il n’eut pas fait trois tours de clef,
Ses trois anneaux d’or a trouvés.
— Marianson, dame jolie,
Quel bon chirurgien vous faut-il ?
— Le bon chirurgien qu’il me faut, ?
C’est un bon drap pour m’ensev’ lir.
— Marianson, dame jolie,
Votre mort m’est-elle pardonnée ?
— Oui ma mort vous est pardonnée,
Non pas la cell’ du nouveau-né…