La partition « La coumtesso (La comtesse) »

Chansons provençales

 

La coumtesso (La comtesse)

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Paroles

1. Sabe, iéu, uno Coumtesso
Qu'es dóu sang emperiau :
En bèuta coume en autesso,
Cren degun, ni liuen ni aut ;
E pamens uno tristesso
De sis iue nèblo l'uiau.

Ah ! se me sabien entèndre !
Ah ! se me voulien segui !

2. Elo avié cènt vilo forto,
Elo avié vint port de mar ;
L'óuliviè davans sa porto
Oumbrejavo, dous e clar ;
E tout fru que terro porto
Èro enflour dins soun relarg.
[...]

Traduction

1. Je connais, moi, une comtesse
Qui est du sang impérial :
En beauté comme en noblesse,
Elle ne craint personne, ni de loin ni d'en haut ;
Et pourtant une tristesse
Voile de brume l'éclair de ses yeux.

Ah ! S'ils pouvaient m'entendre !
Ah ! S'ils voulaient me suivre !

2. Elle avait cent villes fortes,
Elle avait vingt ports de mer ;
L'olivier devant sa porte
Jetait son ombre douce et claire ;
Et tout fruit que porte la terre
Était en fleur dans son parc.

3. Pour la charrue et pour la houe,
Elle avait des plaines bénies
Et des montagnes couvertes de neige
Pour se rafraîchir, l'été ;
D'un grand fleuve l'irrigation,
D'un grand vent le soufile vif.

4. Elle avait pour sa couronne
Blé, olives et raisins ;
Elle avait des génisses farouches
Et des chevaux sarrasins ;
Et elle pouvait, fière baronne,
Se passer de ses voisins.

5. Tout le jour elle chantait,
Au balcon, sa belle humeur ;
Et chacun grillait d'envie
D'en ouïr quelque rumeur.
Car sa voix était si suave
Qu'elle faisait mourir d'amour.

6. Les poètes, on le devine,
Lui faisaient grande compagnie ;
Les soupirants, sous le givre,
L'attendaient, matinals ;
Mais, comme elle était perle fine,
Elle se tenait à haut prix.

7. Toujours elle portait une robe
Faite de rayons de soleil ;
Qui voulait connaître l'aube,
Vers la belle accourait vite ;
Mais une ombre maintenant nous dérobe
La figure et le tableau.

8. Car sa sœur d'un autre lit,
Pour avoir son héritage,
L'a enfermée dans le cloître,
Dans le cloître d'un couvent
Qui est clos comme une huche,
D'un avent à l'autre avent.

9. Là les jeunes et les vieilles
Sont vêtues également
D'un voile de blanche laine
Et d'un habillement noir ;
Là, la même cloche
Règle tout communément.

10. En ce lieu, plus de chansons,
Mais sans cesse le missel ;
Plus de voix joyeuse et nette,
Mais universel silence :
Rien que des saintes-nitouches
Ou des vieilles à trois dents.

11. Blond épi de froment,
Gare la faucille torte !
À la noble demoiselle,
On chante les vêpres des morts ;
Et avec des ciseaux on lui coupe
Sa chevelure d'or.

12. Or la sœur qui l'emprisonne
Domine pendant ce temps-là ;
Et, par envie, la barbare
Lui a brisé ses tambourins,
Et elle s'empare de ses vergers
Et lui vendange ses grappes.

13.
Et elle la fait passer pour morte,
Sans pouvoir décourager
Ses amants qui à cette heure
Vont errants et impuissants...
Et elle ne lui laisse en quelque sorte
Que ses beaux yeux pour pleurer.

14. Ceux-là qui ont la mémoire,
Ceux-là qui ont le cœur haut,
Ceux-là qui dans leur chaumière
Sentent le souffle aigu du mistral,
Ceux-là qui aiment la gloire,
Les vaillants, les chefs du peuple,

15. En criant : « Fais place ! Place ! »
Impétueux, les vieux et les jeunes,
Tous en race nous partirions
Avec la bannière au vent,
Nous partirions comme une trombe
Pour enfoncer le grand couvent !

16. Et nous démolirions le cloître
Où pleure nuit et jour,
Où nuit et jour l'on claquemure
La nonnain aux beaux yeux...
En dépit de la sœur mauvaise,
Nous bouleverserions tout !

17. Puis nous pendrions l'abesse
Aux grilles d'alentour,
Et nous dirions à la Comtesse :
« Reparais, ô splendeur !
Hors d'ici la tristesse !
Vive l'allégresse ! »

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