Fut-il jamais douceur de cœur pareille
A voir Manon dans mes bras sommeiller?
Son front coquet parfume l'oreiller;
Dans son beau sein, j'entends son cœur qui veille,
Un songe passe, et s'en vient l'égayer.
Ainsi s'endort la fleur d'églantier
Dans son calice enfermant une abeille.
Moi, je la berce; un plus charmant métier,
Fut-il jamais?
Mais le jour vient, et l'aurore vermeille
Effeuille au vent son printemps virginal.
Le peigne en main et la perle à l'oreille
A son miroir, Manon va m'oublier.
Hélas! l'amour sans lendemain ni veille
Fut-il jamais?