1. Alle avait, sous sa toque d’martre,
Sur la butt’ Montmartre,
Un p’tit air innocent ;
On l’app’lait Rose, alle était belle,
A sentait bon la fleur nouvelle,
Ru’ Saint-Vincent.
2. On n’avait pas connu son père,
A n’avait pus d’mère,
Et depuis mil neuf cent,
A d’meurait cbez sa vieille aïeule
Où qu’a s’él’vait, comm’ ça, tout’ seule.
Ru’ Saint-Vincent.
3. A travaillait, déjà, pour vivre,
Et les soirs de givre,
Sous l’froid noir et glaçant,
Son p’tit fichu sur les épaules,
A rentrait, par la ru’ des Saules,
Ru’ Saint-Vincent.
4. A voyait, dans les nuits d’gelée,
La nappe étoilée,
Et la lune, en croissant,
Qui brillait, blanche et fatidique
Sur la p’tit’ croix d’la basilique,
Ru’ Saint-Vincent.
5. L’été, par les chauds crépuscules,
A rencontrait Jules
Qu’était si caressant
Qu’a restait, la soirée entière,
Avec lui, près du vieux cim’tière,
Ru’ Saint-Vincent.
6. Mais le p’tit Jul’ était d’la tierce
Qui soutient la gerce,
Aussi, l’adolescent
Voyant qu’a n’marchait pas au pantre,
D’un coup d’surin lui troua 1’ ventre.
Ru’ Saint-Vincent.
7. Quand ils l’ont couché’ sous la planche,
Alle était tout’ blanche
Mêm’ qu’en l’ensev’lissant,
Les croqu’-morts disaient qu’la pauv’ gosse
Était claqué’ l’jour de sa noce.
Ru’ Saint-Vincent.
8. Alle avait, sous sa toque d’martre,
Sur la butt’ Montmartre,
Un p’tit air innocent ;
On l’app’lait Rose, alle était belle,
A sentait bon la fleur nouvelle,
Ru’ Saint-Vincent.