Paroles
La route, tout droit, franchit le Morin
Auprès des marais, prodigieux chemin.
Que cinq fois chassés, nos soldats superbes
Refirent cinq fois ensanglantant l'herbe.
Près du pont criblé d'obus et de balles,
Un vieux bûcheron ridé sous le hâle,
M'a conté l'exploit des grands peupliers
Jadis dressés là, maintenant broyés
Avec des mots émus à graver sur le marbre,
Comme d'enfants chéris, il parlait de ses arbres.
Je les avais vus naître, mes beaux peupliers
Grandir vers le ciel, comme pour prier
De leurs bras tendus en verte ramures.
Sous leur ombre, aux jours étouffants,
On se reposait en allant aux champs
On était fier d'eux et de leur structure...
Joignant la force à l'élégance,
C’était bien des arbres de France
Mes peupliers !