Là-bas, vers l'Orient, le ciel s'est obscurci !
L'orage qui couvait, violent, soudain, éclate ;
Formidable, il s'étend, formidable il s'étend,
Et bientôt le voici
Couvrant tous les pays, de Bering à l'Euphrate,
De l'Ourak à l'Irlande et du Cap à Tanger
Il gronde en déchirant son voile mortuaire de ses éclairs géants
Et court tant ravager sur les routes qu'il suit
Cette horreur, c'est la guerre, cette horreur c'est la guerre.
Il n'est pas une ville, il n'est pas un hameau
Il n'est pas un foyer sur tout ce territoire
Qui n'ait fourni sa proie au sinistre fléau
Il sévira des ans pour donner à l'histoire
Des pages d'amertume où de faits glorieux
Pour transformer d'un coup la carte de la terre
Dévaster sans merci les grands legs des aïeux
Sur notre continent car c'est la grande guerre !
Des vastes champs d'honneur s'élèvent de longs cris
Des blessés, c'est l'appel et des mourants la plainte !
De ceux qui ne sont plus, là grisent les débris !
Là dévaillent porteurs de la parole sainte,
De hardis infirmiers, le jour comme la nuit,
Exercent à l'envi leur noble ministère,
Là pour tous leurs drapeaux combattent sans répit
Tous les soldats du monde, ah ! grand Dieu, quelle guerre !
Le l'Ennemi profane ! et pendant qu'en héros tant d'hommes tombent là
Leur deuil si glorieux sur tout l'univers plane,
Mais la douleur descend dans les foyers meurtris
Où l'on pleure l'Enfant ou l'Epoux ou le Père !
Ah ! que tous les malheurs soient à jamais bannis
Et qu'on dise demain, maudite soit la guerre !