1. Personne ici-bas n'est parfait,
Et pour mon compte, je confesse
Que je montrais dès ma jeunesse
L'entêtement d'un vrai p'tit mulet
Quand j'avais une chose dans la tête
J'étais loin d'l'avoir dans l'talon
On m'disait
C'est une affaire faite
Quand elle a dit non !
C'est qu'c'est non !
(parlé)
Je me serais laissée couper en petits petits petits morceaux plutôt que de céder et quand on voulait me faire faire une chose qui ne m'allait pas, je répondais :
Non, non, non, non, non, non, non,
Quand j'dis non,
Tout c'que vous dites ne sert à rien.
Non, non, non, non, non, j'tiens bon,
Quand j'ai quéqu' chose là ma foi, ça y est bien
Quand j'ai quéqu' chose là.... ça y est bien.
2. Avec le consentement d'papa
Le grand Jacques vint m'dire « Je vous aime !
C'est pas possible, et puis quand même
Ça s'rait vrai, moi je n'vous aime pas. »
Nos familles qui rêvaient c'mariage
S'empraissaient de tout arranger
Je m'en obstinait d'avantage
Changer d'avis moi, pas d'danger !
(parlé)
J'avais beau dire : Mais c'n'est pas vous qui vous mariez ! C'est moi ! Ce mari, c'est pour moi, et il me semble que du moment que c'est pour moi, j'ai le droit de choisir. Prendre un mari que je n'aime pas...
3. Or il arriva que l'amour
(Qui vient toujours sans qu'on s'en doute)
Comme il se trouvait sur ma route
En traître me prit à son tour
Ce fut pour mon cousin Jean-Pierre
Que mon coeur se mit à jaser
L'croyez vous malgré ma prière
On m'disait « Tu n'peux l'épouser ! »
(parlé)
Et pourquoi ne puis-je pas épouser mon cousin Jean-Pierre ? Parcequ'il n'a pas l'sou, tandis qu'il y a le fils du maire qui est riche et qui le conviendra bien mieux. J'ai répondu : Je veux Jean-Pierre ! Et quant à en épouser un autre...
4. Avec mon bouquet d'oranger
L'jour de ma noce j'étais fière
Mais l'heure où j's'rais seule avec Pierre
N'en finissait pas d'arriver
Pour que la fête fut complète
Il y avait bal après l'repas
Tout ça r'tardait notr' tête-à-tête
Et j'vous jur' que ça n'm'allait pas !
(parlé)
C'est bête comme tout de faire languir ainsi les mariés. J'aurais voulu voir tous les invités au diable. Enfin l'heure tant désirée sonna. Mais voilà que seule avec Pierre, la peur me prit ! J'voulais rappeler tous les invités ! « Rassure-toi, ma mignonne, dit-il, tu m'aimes n'est-ce pas ? Eh bien, est-c-qu'on a peur de celui qu'on aime ? » En disant cela, il m'embrasse, ça suffit pour me remettre de mon émotion, aussi quand un instant après, il me demanda si j'avais toujours peur, je lui dit :
Non, non, non, non, non, non,
Moi peur, allons donc !
T'as pris mon coeur, moi j'ai pris l'tien
Nous v'là mariés, Pierre... ça y est bien.