Ces lieux brillent déjà d'une vive clarté.
Depuis longtemps j'ai vu naître l'aurore ;
Le charmant objet que j'adore
Devait la précéder dans ce bois écarté.
Mais je ne la vois point encore.
Ce n'est plus la poids de ma chaîne
Qui me fait pousser des soupirs !
La seule attente des plaisirs
Fait à présent toute ma peine.
Attends-tu pour payer ma flamme,
Amour, que je sois plus épris ?
Tu connais l'ardeur de mon âme,
En peux-tu retarder le prix ?
Les oiseaux d'alentour chantent dans ce bocage,
Et je connais à leur ramage
Que rien ne manque plus au bonheur de leurs feux,
Ils goûtent avant moi les fruits de la constance ;
Peut-être mieux traités, sont-ils plus amoureux.
Pourquoi leur envier leur juste récompense ?
L'amour ne me fait point d'offense
Quand il rend les amants heureux !
Il songe à redoubler, par mon impatience,
Le doux plaisir qui doit suivre mes vœux.