1. C'est une blonde aux grands yeux prometteurs,
Une de ces femmes dont le regard vous grise,
Qui semble dire : Je vous donne mon coeur,
Gardez-le bien, de peur qu'il ne le brise !
Et lui, croyant à ce divin poème,
Lui fit serment de l'adorer toujours.
Elle dit, moqueuse : Es-tu sûr que je t'aime ?
Je mens si bien, quand je parle d'amour !
Lui regardant ses grands yeux qui riaient,
Lui dit : Chérie, quell' grande enfant, tu fais !
Tu voudrais me voir pleurer,
Tu cherches à me faire de la peine,
Ton coeur aime à torturer
Celui que ton amour enchaîne !
Mais prends garde qu'à ton tour,
Malgré ta beauté et tes charmes
Un homme ne te fasse un jour
Verser des larmes !
2. Pleurer d'amour, quand je n'ai qu'à choisir,
Lorsque chacun à genoux me supplie,
Pourquoi rester, si je te fais souffrir ?
Tu peux partir, c'est moi qui t'en défie !
Il se leva, sans un mot de colère,
Elle pâlit : Quoi ! tu veux t'en aller,
Et tu disais, m'aimer, d'amour sincère,
Tu n'as pas d'coeur, tu n'm'as jamais aimé...
3. Elle dit : Va-t-en, tu reviendras demain,
Car aujourd'hui, c'est l'orgeuil qui l'emporte
Mais malgré toi, tu seras le pantin
Qui reviendra pleurer devant ma porte !
Elle attendit, elle était si jolie,
Les jours passèrent, mais il ne revint pas,
Alors un soir, comprenant sa folie,
Ell' vint chez lui et murmura tout bas :
Pardonne-moi, je t'aimais tant, vois-tu,
Méchant, pourquoi n'es-tu pas revenu ?
Je voulais te voir pleurer,
Je voulais te faire de la peine,
Mais c'était pour te garder,
Croyant que la douleur enchaîne !
C'est moi qui pleure à mon tour
Et que ma douleur te désarme,
Puisque c'est pour toi qu'en ce jour,
Coulent mes larmes.