Il faut passer tôt ou tard,
Il faut passer dans ma barque.
On y vient jeune ou vieillard,
Ainsi qu'il plait à la Parque.
On y reçoit, sans égard,
Le berger et le monarque;
Il faut passer tôt ou tard,
Il faut passer dans ma barque.
Vous qui voulez passer, venez, mânes errants;
Venez, avancez; tristes Ombres;
Payer le tribut que je prends,
Ou retournez errer sur ces rivages sombres.
Donne, passe, donne, passe.
Demeure, toi; tu n'as rien,
Il faut que l'on te chasse.
Crie hélas! Tant que tu voudras;
Rien pour rien, en tous lieux est une loi suivie:
Les mains vides ont peu d'appas;
Et ce n'est point assez de payer dans la vie,
Il faut encore payer au-delà du trépas.