1. C'est une fille de Lorraine
Que sa beauté lui fait grand peine
Un jour sa mère la peignant,
Sont trois soldats la regardant :
Elle n'en fut pas moitié peignée,
Les trois soldats l'ont emmenée.
2. Sa mère court après, disant :
« Soldats, rendez-moi mon enfant !
C'est mon enfant et c'est ma fille ;
Elle est à moi, je l'ai nourrie !
Le capitain' la voyant venir,
De rire n'a pu se tenir.
3. « Hola ! la fille, elle est plaisante ;
Amenez-la dedans ma chambre. »
Tout en montrant les escaliers,
La pauvre fille soupiraitr :
« Ah ! te voilà, maudite chambre,
Là où, mon grand Dieu, je t'offense. »
4. Tout en faisant action de grâce,
Voilà la belle qui trépasse.
L'capitain' la voyant mourir
De pleurer n'a pu se tenir.
« Si je t'avais cru, fille sage,
Je t'aurais prise en mariage. »
5. « Apportez-moi du papier blanc
Pour écrire à tous ses parents,
Pour écrire à sa tendre mère
Qu'elle fasse prier Dieu pour elle ;
Je la ferai porter en terre
Par quatre z'officiers de guerre.
6. Puis y aura cent demoiselles
Qui s'ront pour porter des chandelles ;
Je ferai passer le tambour,
Que mes soldats y viennent tous ;
Je ferai passer la trompette
Pour l'enterr'ment de ma maîtresse. »