1. L'horizon blanchit à peine,
Le soleil ouvre les yeux.
Tout est calme dans la plaine,
Les bois sont silencieux.
Mais entendez-vous là-bas ?
Ce bruit que l'écho répète :
C'est le son de la trompette
Des Français marchant au pas.
Cette légion qui s'avance
C'est un de nos vieux régiments,
Salut ! à ces nobles enfants
De France !
2. On avance au pas de route,
On marche, résolument,
On rit, on chante, on écoute
Le récit du vieux sergent ;
Il s'est battu bien des fois,
Et le vieux grognard s'enivre
Quand, avec sa voix de cuivre,
Il raconte ses exploits :
3. L'ennemi cernait la ville,
Nous étions sans feu, sans pair
Nous luttions un contre mille,
Contre le froid et la faim ;
Le camp était endormi,
Un matin le clairon sonne,
L'éclait luit, le canon tonne...
Debout ! sus à l'ennemi !
4. Vite on se range en bataille,
Les balles pleuvaient d'aplomb,
Il tombait une mitraille
De feu, de fer et de plomb !
On s'arrachait le terrain,
Et, dans un élan terrible,
Notre phalange invincible
Se brisait contre l'airain.
5. Le carnage est effroyable,
On marche sur ses amis,
Mais le nombre nous accable,
On se regarde indécis...
Blessé, mourant, l’œil hagard,
Le commandant nous répète :
Enfants ! À la baïonnette !
Adieu !... Sauvez l'étendard !
6. On partit comme la foudre,
Et notre torrent de fer
Ouvrant le terrent de poudre
Traversa comme un éclair...
... On compta... nous restions cent,
Le matin... nous étions mille...
Mais en rentrant dans la ville,
Le drapeau flottait au vent.
