1. Petit rocher de la haute montagne,
Je viens ici finir cette campagne.
Ah ! doux échos, entendez mes soupirs.
En languissant, je vais bientôt mourir !
2. Petits oiseaux, vos douces harmonies,
Quand vous chantez, me rattach' à la vie.
Ah !Si j'avais des ailes comme vous,
Je s'rais heureux avant qu'il fut deux jours !
3. Seul en ces bois, que j'ai eu de soucis !
Pensant toujours à mes si chers amis,
Je demandais : Hélas ! sont-ils noyés ?
LesIroquois les auraient-ils tués ?
4. Un de ces jours que, m'étant éloigné,
En revenant je vis une fumée,
Je me suis dit : Ah ! grand Dieu qu'est ceci ?
Les Iroquois m'ont-ils pris mon logis ?
5. Je me suis mis un peu à l’ambassade,
Afin de voir si c'était embuscade ;
Alors je vis trois visages français !
M'ont mis le cœur d'une trop grand joie.
6. Mes genoux plient, ma faible voix s'arrête,
Je tombe... Hélas ! à partir ils s'apprêtent :
Je reste seul... Pas un qui me console,
Quand la mort vient par un si grand désole !
7. Un loup hurlant vint près de ma cabane
Voir si mon feu n'avait plus de boucane ;
Je lui ai dit : Retire-toi d'ici ;
Car, par ma foi, je perc'rai ton habit !
8. Un noir corbeau, volant à l'aventure,
Vient se percher tout près de ma toiture :
Je lui ai dit : Mangeur de chair humaine,
Va-t-en chercher autre viande que mienne.
9. Va-t'en là-bas, dans ces bois et marais,
Tu trouveras plusieurs corps iroquois ;
Tu trouveras des chairs, aussi des os ;
Va-t'en plus loin, laisse-moi en repos !
10. Rossignolet va dire à ma maîtresse,
À mes enfants qu'un adieu je leur laisse ;
Que j'ai gardé mon amour et ma foi,
Et désormais faut renoncer à moi !
11. C'est donc ici que le mond' m'abandonne !
Mais j'ai secours en vous Sauveur des hommes !
Très Sainte Vierge, ah ! m'abandonnez pas,
Permettez-moi d'mourir entre vos bras !