1. Nous sommes partis de Toulon,
Trois vaisseaux de la Nation.
Nous sommes partis de Toulon,
Trois vaisseaux de la Nation.
C'était pour s'en aller croiser
Sur les côtes d'Irlande.
En espérant le vent changer,
A fallu mouiller l'ancre.
2. Le trente août, ne fut pas jour,
Qu'il a fallu nous mettr' debout,
Il s'élevait un si grand vent,
La tempête et l'orage
Nous ont bien vite repoussés
À cinquant' lieues au large.
3. Voilà qu'nous voyons arriver
Trois bâtiments, vaisseaux anglais,
Ils arrivaient tout droit sur nous,
Aussi prompts que la foudre ;
Ils croyaient bien, pour le certain,
De nous réduire en poudre.
4. Le premier coup que nous tirons,
C'est sur leur grand mât d'artimon,
Le deuxièm' coup qu'on a tiré
C'est sur le grand mât de Beaupré.
Si vous aviez vu sur le pont,
Ah ! le triste carnage !
Leurs grand's voiles et les huniers
Brisés par la mitraille.
5. Ne fut pas sitôt démonté :
- Allons ! garçons, faut amener,
Allons ! garçons, faut amener
Pavillon d'assistance,
Car nous sommes bien éloignés
De la terre de France.
6. À notre bord est arrivé
Un de leurs officiers anglais
Et tout en arrivant à bord,
Nous fait la révérence :
- C'est donc vous, messieurs les Français,
Qui faites résistance ?
7. - Si résistance nous faisons,
À notr' commandant nous l'devons.
Donnez-vous donc la pein' d'entrer
Ici, dans cette chambre ;
Vous y trouv'rez notr' commandant,
C'est lui qui nous demande.
8. Il ne fut pas plutôt entré,
Le commandant lui a ordonné :
- Apporte-moi ton portefeuille
Que je sign' la sentence...
- Oh ! adieu donc, beau bâtiment,
T'appartiens à la France.