1. Le diable est sorti de l'enfer
Pour y faire le tour du monde.
Prêteur d'argent comme usurier,
Vous êtes tous de son monde ;
Chez le notair' vous nous amenez,
Et d'avanc' vous l'avez graissé :
Cela est d'la fraudure,
Embarquez dans la voiture.
2. À vous autres les avocats,
Qu'aimez tant la procédure,
Votre client est toujours gagné,
Tant que la cause dure,
Et souvent vous la fait' traîner,
Tant que l'client n'est pas plumé,
Vous avez jusqu'au parjure ;
Embarquez dans la voiture.
3. Et vous autr's les autres candidats,
Qui faits tant de tapage,
Nos votes vous nous demandez
C'n'est qu'pour fai' du boudlage.
Et en chambr' quand vous êt's rendus,
Ce pauvre peuple vous n'y pensez plus ;
Vous nous imposez des taxes
J'veux bien que l'diabl' vous claque.
4. Les jug's va-t-on en parler,
Eux aussi, s'ils le méritent.
Les avocats l'zont invités,
Pour diner à leur marmite.
Ces pauvres juges s'sont laissés gagner :
Les témoins sont mal interrogés
Le diabl' voit la tournure,
Embarquez-les dans la voiture.
5. Et les médecins va-t-on en parler,
Pourtant qu'ils sont bien commodes ;
Si votr' pouls est dérangé,
Ou un p'tit mal de gorge.
Mais hémorrhoïdes si vous avez
Et qu'vous n'pouvez pas aller,
Le diabl' crie : C'est trop dur,
Embarquez dans la voiture.
6. Ici j'voudrais m'arrêter,
Je ne puis, ça me commande.
Ce que j'voudrais vous parler,
C'est c'qu'on appelle les banques.
Et aussi les sociétés :
Comment de gens qui viv'nt sans travailler !
Il y a de la pourriture,
Qu'ils embarquent dans la voiture.
7. Cultivateurs comme ouvriers,
V'nez r'cevoir vot' récompense.
Pour tant d'sueurs qu'vous versez,
Pour nourrir tous ces gens.
Les f'ra passer par la grand' rue ;
Il criera t-a Lucifer :
Sacre moé ça dans l'enfer.
