1. Ce ne sont plus des pleurs qu'il est temps de répandre
C'est le jour du triomphe et non pas de regrets
Que nos chants d’allégresse accompagnent la cendre
Du plus illustre des Français, illustre des Français.
2. Jadis par les tyrans cette cendre exilée
Au milieu des sanglots fuyait loin de nos yeux :
Mais par un peuple libre aujourd'hui rappelée,
Elle vient consacrer ces lieux.
3. Salut, mortel divin, bienfaiteur de la terre,
Nos murs privés de toi vont te reconquérir ;
C'est à nous qu'appartient tout ce qui fut Voltaire
Nos murs t'ont vu naître et mourir.
4. Ton souffle créateur nous fit ce que nous sommes
Reçois le libre encens de la France à genoux ;
Sois désormais le Dieu du Temple des grands hommes,
Toi qui les a surpassés tous.
5. Le flambeau vigilant de la raison sublime
Sur des Prêtres menteurs éclaira les mortels ;
Fléau de ces Tyrans, du découvris l'abyme
Qu'ils creusaient au pied des Autels.
6. Tes tragiques pinceaux, des Demi-dieux du Tibre
Ont su ressusciter les antiques vertus ;
Et la France a conçu le besoin d'être libre
Aux fiers accens des deux Brutus.
7. Sur cent tons différents ta lyre enchanteresse
Fidèle à la raison, comme à l'humanité
Aux mensonges brillans inventés par la Grèce
Unit la simple Vérité.
8. Citoyens, courez tous au devant de Voltaire
Il renaît parmi nous, grand, chéri, respecté,
Comme à son dernier jour ne prêchant à la terre
Que Dieu seul est la liberté.
9. Il cherche en vain ces Tours, cet Enfer du Génie
Dont son aspect deux fois fit le temple des Arts,
La Bastille est tombée avec la Tyrannie
Qui bâtit ses triples remparts.
10. Le fanatisme impur, cette sanglante idole,
Suit le char de triomphe avec des cris affreux,
Tels Emile et César aux murs du Capitole
Traînaient les Rois vaincus par eux.
11. Moins belle fut jadis sa dernière victoire
Lorsqu'aux jeux du Théâtre un peuple transporté
À ce vieillard mourant sous le poids de sa gloire
Décernait l'immortalité.