1. Mon bien-aimé, dans mes douleurs,
Je viens de la cité des pleurs,
Pour vous demander des prières.
Vous me disiez, penché vers moi :
« Si je vis, je prierai pour toi. »
Voilà vos paroles dernières.
Hélas ! hélas !
Depuis que j'ai quitté vos bras,
Jamais je n'entends vos prières.
Hélas ! hélas !
J'écoute, et vous ne priez pas !
2. Combien nos doux ravissements,
Ami, me coûtent de tourments,
Au fond de ces tristes demeures !
Les jours n'ont ni soir ni matin ;
Et l'aiguille y tourne sans fin,
Sans fin, sur un cadran sans heures :
Hélas ! hélas !
Vers vous, ami, levant les bras,
J'attends en vain dans ces demeures !
Hélas ! hélas !
J'attends, et vous ne priez pas !
3. « Puisse au Lido ton âme errer, »
Disiez-vous, « pour me voir pleurer ! »
Elle s’envola sans alarme.
Ami, sur mon froid monument
L’eau du ciel tomba tristement,
Mais de vos yeux, pas une larme.
Hélas ! hélas !
Ce Dieu qui me vit dans vos bras,
Que votre douleur le désarme !
Moi seule, hélas !
Je pleure, et vous ne priez pas.
4. Quand mon crime fut consommé,
Un seul regret eût désarmé
Ce Dieu qui me fut si terrible.
Deux fois, prête à me repentir,
De la mort qui vint m’avertir
Je sentis l’haleine invisible.
Hélas ! hélas !
Vous étiez heureux dans mes bras.
Me repentir fut impossible.
Hélas ! hélas !
Je souffre, et vous ne priez pas.