1. Sous les rayons tout blancs
De la lune d'argentn
ils marchent sans rien dire,
Ce sont les tout petits
Au visage pâli,
Aux lèvres sans sourire.
« - Jean, vois donc cett' maison,
Comme il doit y faire,
Près du feu qui pétille !
- Tiens ! qui frappe à cette heure ?
- C'est nous, n'ayez pas peur,
Quoi qu'on soit en guenille ! »
Les p'tits qui n'ont pas d'nid
Ont besoin de tendress',
De baisers, de caresses,
Ils sont nés d'un serment,
Comme en font les amants
Les soirs de folle ivresses,
Les serments envolés,
Les petits sont restés,
Que la misère emporte.
Vous dont le pain est blanc,
Qui avez des mamans,
Ouvrez leur votre porte.
2. Passez votre chemin
Vous êtes des vauriens
Qui nous pill'nt et nous volent,
Au lieu de marauder,
Vous feriez mieux d'aller
Tous les deux à l'école !
« - Jean, il faut se sauver,
Car les chiens sont lâchés,
Et le ciel est sans voile.
C'est peut-être maman,
Là-haut, qui nous attend,
Dans cette grande étoile. »
3. Mais soudain, devant eux,
Le décor merveilleux
De l'océan qui roule,
L'Etoile de là-haut
Est descendue sur l'eau,
Tournant comme une boule.
« Jean, tu vois, c'est maman ! »
Ils vont vers l'océan...
Et les flots les entraînent
Puis, quand sonna minuit,
Un marin entendit
Le chant d'une sirène.