Près des remparts de Séville
Chez mon ami Lillas Pastia,
J'irai danser la seguedille
Et boire du Manzanilla,
J’irai chez mon ami Lillas Pastia.
Oui, mais toute seule on s’ennuie,
Et les vrais plaisirs sont à deux;
Donc pour me tenir compagnie,
J’amènerai mon amoureux!
Mon amoureux!.. il est au diable!
Je l’ai mis à la porte hier!
Mon pauvre cœur, très consolable,
mon cœur est libre comme l’air!
J’ai des galants à la douzaine;
Mais ils ne sont pas à mon gré.
Voici la fin de la semaine:
Qui veut m’aimer? je l’aimerai!
Qui veut mon âme? Elle est à prendre!
Vous arrivez au bon moment!
Je n’ai guère le temps d’attendre,
Car avec mon nouvel amant
Près des remparts de Séville,
Chez mon ami Lillas Pastia,
J’irai danser la seguedille
Et boire du Manzanilla,
Dimanche, j’irai chez mon ami Pastia!
José
Tais-toi, je t’avais dit de ne pas me parler!
Carmen
Je ne te parle pas, je chante pour moi-même,
Je chante pour moi-même!
Et je pense! il n’est pas défendu de penser!
Je pense à certain officier,
Je pense à certain officier qui m’aime
Et qu’à mon tour, oui, qu’à mon tour
Je pourrais bien aimer!
Mon officier n’est pas un capitaine,
Pas même un lieutenant, il n’est que brigadier;
Mais c’est assez pour une bohémienne
Et je daigne m’en contenter!
José
Carmen, je suis comme un homme ivre,
Si je cède, si je me livre,
Ta promesse, tu la tiendras,
Ah! si je t’aime, Carmen, Carmen, tu m’aimeras!