1. Les femmes comme les fleurs sont leur printemps
Mais aussi leur été que j'trouve épatant,
Vos jeunes vertus me plaisent beaucoup moins
Qu'une bell' créatur' savante bien à point,
Dans tout son éclat si j'admire la beauté
Ça, c'est un goût, Messieurs qu'on ne peut discuter.
A la rose en bouton qui manque un peu de couleur
Moi je préfère le bouton en fleur
J'aime les femmes de trent' sept ans
Rien n'est fade comme le printemps,
En tête à tête
Vos bell's aux yeux mi-clos
Ont l'air hébète
Et manquent d'à propos
J'aime les femmes de trent' sept ans
elles sav'nt ce que c'est qu'un baiser,
Elles se donnent sans rien nous refuser
Et quand on a fini d'aimer on peur causer.
2. Les filles s’émancipent vite aujourd’hui,
Leur corsage n’est pas pour ce lamieuxgarnie ;
Les formes promettent il faut bien en convenir
Mais on ne sait jamais comment ell’s vont tenir.
On voudrait qu’ça pousse, il ne vient rien du tout,
On voudrait qu’ça s’arrêt’, ça déborde de partout ;
A la d’moisell’ qui n’est pas fini complètement
J’vous avou’ que j’préfèr’ la maman.
J’aime les femm’s de trent’sept ans !
Avec ell’s on sait c’qui nous attend,
Au réfectoire
On trouv’ ce qui nous faut,
Si j’veux des poires,
J’n’ai pas des abricots,
J’aime les femm’s de trent’ sept ans !
Les fruits verts c’est plutôt agaçant,
Quand on les goûte
Ils font grincer les dents
Et les fruits mûrs c’est si bon de mordre dedans.
3. Les femmes trop jeunes préfèr’nt un chapeau,
Une robe, un bijou à l’amour le plus beau,
Il faut les chérir com’ des enfants gâtés,
Leur passer leurs capric’s, faire leurs volontés :
Sont-elles contrariées, ça barde à la maison
Ce sont des trépign’ments, des larmes sans raison
Il faut les implorer pour avoir un peu d’bonheur
Alors on va en chercher ailleurs.
J’aim’ les femm’s de trent’ sept ans !
Ell’s sont aimabl’s à tous les instants,
Pour satisfaire
Le cœur et l’estomac
Ell’s sav’nt tout faire :
L’amour et les p’tits plats.
J’aim’ les femm’s de trent’ sept ans !
Toujours disposé à nous servir,
Ell’s nous dorlotent, c’est leur plus grand plaisir,
Et dans la nuit close s’lèvent pour nous voir dormir.
4. Les femm’s à seize ans à peine révolue
Cherchent à se vieillir, ell’s se donn’nt dix ans d’plus
Mais à quarant’ sept ans, ell’s compt’nt en se disant :
Je m’souviens qu’autre fois je m’suis vieilli d’dix ans,
Pour les rattraper, ell’s font une soustraction :
Dix ôté d’quarant’ sept, ça fait compensation.
Ne riez pas messieurs, le compte est bien balancé,
Ell’s retienn’nt ce qu’ell’s ont avancé.
J’aim’ les femm’s de trente sept ans !
Mêm’ quand elles les ont d’puis quelques temps,
C’est le seul âge
Où ell’s sont toujours
Bien à la page.
Pour embellir toujours.
J’aim’ les femm’s de trent’ sept ans !
Et les femm’s, pas besoin de l’cacher :
Quand ell’s sont jeunes rêvent d’en approcher
Et quand ell’s les tienn’nt ell’s ne veul’nt plus les lâcher.