1. Sur la route poudreuse et blanche
Où nos drapeaux ne passaient plus
Un vieillard allait le dimanche
Rêver seul au pays perdu
Parfois de sa lèvre pâlie
Monte une plainte vers les cieux
C'est le regret des jours joyeux
Et c'est l'histoire de sa vie:
Il est brisé mon violon
Parce que j'ai l'âme française
Et que, sans peur, aux échos du vallon
J'ai fait chanter la Marseillaise.
2. J'ai voulu savoir cette histoire
Il me l'a contée en pleurant
Gardez-la dans votre mémoire
C'est celle d'un coeur simple et grand
Un soir, me dit-il, sous les chênes
Je faisais danser les enfants
Quand les ennemis triomphants
Jetèrent l'effroi dans nos plaines.
3. Tous s'enfuyaient devant leurs armes
Rouges, hélas, de sang français
Fou de douleur, cachant mes larmes,
Tout seul vers eux je m'avançais
- Qui donc es-tu, toi qui nous braves
Firent-ils en me renversant
- Je suis, dis-je, en me redressant
L'ennemi des peuples esclaves.
4. - Tu railles bonhomme, eh bien! joue
Les hymnes chers à notre roi
Alors leur main souilla ma joue
Mais la France vivait en moi
Je jouai de Rouget de Lisle
L'ardente et sublime chanson
Ils brisèrent mon violon
En voyant leur rage inutile.
Ils ont brisé mon violon
Parce que j'ai l'âme française
Et que, sans peur, aux échos du vallon
J'ai fait chanter la Marseillaise.