1. Près d'Alger, dans un hôtel, j'étais un' nuit,
Endormi,
Quand soudain j'fus éveillé par des sidis,
Des arbis ;
Dans la rue, en dessous d'moi,
A plein' voix,
Ils criaient tous ça la fois :
Azaya ! Azaya !
Ils étaient plus d'mille,
Azaya ! Azaya !
Qui gueulaient comm' ça !
Toute la nuit j'entendis :
Arouah ! Arouah ! Ah !
En choeur ils poussaient ce cri :
Arouah ! Arouah ! Arouah ! Ah !
Azaya ! Azaya !
Hurlaient les Kabyles,
Azaya ! Azaya !
Ca n'arrêtait pas !
Y'avait pas moyen d'dormir !
Je ne pouvais plus y t'nir !
Azaya azaya Arouah ! Arouah ! Ah !
2. Le matin jd'is au garcon : Qu'est ce que c'est qu'ça ?
Azaya ?
Il me fait : Ah c'est un' moukère très courue
D'notre rue ;
Y a des sidis tous les soirs,
Pour la voir,
Qui font la queue, su' l'trottoir. »
Azaya ! Azaya !
Le soir, j'me pagnote,
Azaya ! Azaya !
V'là , qu'ils remett'nt ça !
Hurlant d'vant chez la moukèr' :
Arouah ! Arouah ! Arouah ! Ah !
Azaya ! Azaya !
Je m'dis saperlotte !
Azaya ! Azaya !
Qu'est'c' qu'elle prendra !
Si avec tous ell' fait ça
Je n'dormirai encor pas !
Azaya ! Azaya !
Arouah ! Arouah ! Ah !
3. Comm' ça me rasait d'entrendre ce refrain,
Le lend'main
Je m'faufilai le premier dans le gourbi
D'la houri
Et, tandis qu'on s'expliquait
J'entendais
Tous les sidis qui braillaient :
Azaya ! Azaya !
Ils étaient un' foule,
Azaya ! Azaya !
Qui criaient comm' ça !
Oui, mais pendant qu'ils disaient :
Arouah ! Arouah ! Arouah ! Ah !
Ben c'était moi qui faisais
Arouah ! Arouah ! Arouah ! Ah !
Azaya ! Azaya !
Dans le lit d'la poule,
Azaya ! Azaya !
Je n'm'embêtais pas
Et j'disais ça la fathma :
Eh ! vas-y donc, mon p'tit rat !
Azaya ! Azaya !
Arouah ! Arouah ! Ah !