1. Dans le vieux décor
Du petit port
C'est jour de fête :
Pour le grand départ
D'un air gaillard,
Chacun s'apprête !
En se balançant,
Se dandinant,
Les goélettes
Semblent, pour partir,
Prendre plaisir
A leur toilette !
Larmes dans les yeux,
Derniers adieux
Aux coiffes blanches,
Dans le creux des flots
Tous les bateaux
Déjà se penchent.
Hisse et ho !
Et hisse et ho !
Larguez toute la toile !
Les voilà partis
Bien loin du pays,
Hisse et ho !
Et hisse et ho !
Le vent gonfle leurs voiles
C'est les Terres Neuvas
Qui s'en vont là-bas !
2. Ils sont arrivés
Ils ont trouvé
Les bancs de pêche !
Pour eux, c’est alors
Le dur effort
Que rien n’empêche !
Le jour et la nuit,
Sans nul répit,
Bravant, tenaces,
Les flots déchaînés,
Sous leurs cirés
Couverts de glace,
Loin de leurs bateaux,
Sur des canots,
Trempés d’écume,
Tirant l’aviron
Les gars s’en vont
Seuls dans la brume !
Hisse et ho !
Et hisse et ho !
Pendant bien des semaines
Dans l’épais brouillard,
Ramant, au hasard,
Hisse et ho !
Et hisse et ho !
Le froid glace leurs veines ;
C’est les Terr’ Neuvas
Qui triment … là bas !
3. Puis, par un beau jour
C’est le retour
De la flottille
Et, dès le matin,
Les vieux marins,
Les jeunes filles,
Epouses, mamans,
Le cœur battant
Viennent en foule,
Guettant chaque mât
Qui tout là-bas
Sort de la houle !
Où sont le « Tant mieux »
« l’Espoir en Dieu »
La « Véronique » ?
Coulés pour toujours
Dans les flots lourds
De l’Atlantique !
Hisse et ho !
Et hisse et ho !
Dans les clochers de pierre
Bronze des bourdons,
Cloches des pardons,
Hisse et ho !
Et hisse et ho !
Sonnez une prière
Pour les Terr’ Neuvas
Disparus, là-bas !