Paroles
1. En faisant fricasse,
Nous disions : tant mieux
Bientôt dans l'Alsace,
Nous verrons beau jeu.
Vient un camarade
Qui me dit : Sans-Peur
Louis est malade,
Jarni quel malheur !
2. A cette nouvelle,
Sans-chagrin gémit,
Bras-de-fer chancelle,
Sans-Quartier frémit.
Mon esprit se brouille,
Mon sang s'est glacé.
Vin, fromage, andouille
J'ai là tout laissé.
3. Ce serait dommage,
Ai-je dit cent fois,
De perdre à son âge
Un aussi grand Roi.
Il vole à la gloire
Nargue les hasards,
Partout la victoire
Suit ses étendards.
4. Comme cent tempêtes
Un jour, vois un peu,
Grondait sur nos têtes
Une bombe en feu ;
Il voit le tonnerre,
Il crie aux soldats :
"Amis ventre à terre"
Lui seul ne craint pas.
5. Il vient dans la Flandre
Menin à genous
Dit qu'il veut se rendre ;
Ypres est à nous,
Coutray la bicoque
Se voit rançonner ;
Pour Louis La Knoque
N'est qu'un déjeuner.
6. Ah ventre de bière,
Enfin nous voilà ;
Vous vouliez la guerre
Il vous en cuira.
Je veux qu'on me gruge
Comme un cervelas
S'il reste dans Bruges
Un seul chapon gras.
7. Mais que vois-je ? ô rage,
Déjà l'ennemi
Sur l'autre rivage.
Où donc est Louis ?
Par mon brûle-gueule
Et mon havresac
Sa présence seule
Nous vaut du Cognac.
8. Comme un Henri IV
Nous l'avons tous vu
Avec nous combattre.
S'il était venu,
Pandoures, Talpaches,
Ce fer eut déjà
Coupé cent moustaches
Avalé cent bras.
9. Mon Prince en rappelle
Le Ciel nous le rend.
Qu'il tonne, qu'il grêle,
Mon coeur est content.
Dans notre cantine
Je dirai, ma foi :
Ma chère chopine,
Vive notre Roi !
