Paroles
1. Ma chère, l’autre jour en passant dans la rue,
Où jadis nous logions au sixièm’ sur la cour,
J’ai vu chambre à louer et l’idée m’est venue
D’ailler r’voir un moment notre ancien nid d’amour !
Ces jours lointains passés à vos genoux,
Peut-être encore vous en souvenez-vous ?
Ah ! C’qu’on s’aimait, c’qu’on s’aimait tous les deux,
Du mois d’janvier jusqu’à la fin décembre !
Nul ne saura c’qu’on a été heureux
Tout près du ciel, dans notr’ petite chambre !
Ah ! C’qu’on s’aimait, c’qu’on s’aimait tous les deux.
Dans la mansarde où tu fus ma maîtresse,
Mais qu’il est loin le rêve bleu
De ma jeunesse !
De ma jeunesse !
2. Vous faisiez des chapeaux, moi j’faisais d’la peinture,
On n’pouvait pas s’offrir un joli mobilier,
Seul’ment y’avait des fleurs tout le long d’la toiture :
Au printemps notr’ jardin embaumait tout l’quartier !
Les p’tits moineaux v’naient diner avec nous
On s’bécotait pour les rendre jaloux !
Ah ! C’qu’on s’aimait, c’qu’on s’aimait tous les deux,
Dès que le soleil voulait bien nous l’permettre
Afin d’montrer comme on était heureux,
On s’enlaçait l’dimanche à la fenêtre !
Ah ! C’qu’on s’aimait, c’qu’on s’aimait tous les deux,
Nos voisins même, au bruit de nos caresses,
Etaient jaloux, tant pis pour eux !
De notr’ jeunesse !
3. Tu vas rire de moi, j’ai r’loué la chambrette.
Je l’ai parée ainsi qu’elle était autrefois :
Si tu veux revenir ta place est toute prête,
Tout est comme jadis, il n’y manque que toi !
Nos cœurs blessés se comprendront bien mieux
Et, dans vingt ans, lorsque nous serons vieux !
Ah ! C’qu’on s’aimait, c’qu’on s’aimait tous les deux,
Tes cheveux gris te rendront plus jolie.
Et puis vois-tu, c’qu’y nous rendra heureux,
C’est l’souvenir des anciennes folies !
Ah ! C’qu’on s’aimait, c’qu’on s’aimait tous les deux.
Nous remplaç’rons l’amour par la tendresse
Et nous r’vivrons au coin du feu
Tout’ notr’ jeunesse !