Paroles
1. Eh quoi les matelots, vous avez tous la frousse
Eh oui je le sais bien, il est vieux mon trois-mâts.
Mais il me faut douze hommes, un capitaine, un mousse
Qui le ramènera vers le Guatémala.
Alors pendant ce temps il cherche un équipage
Contraint de le former de marins d'occasion
Vagabonds sans aveu dont certains tatouages
Affichent l'anarchie et la révolution.
Mais lui, le malabar, lui qui n'a peur de rien
Au moment du départ leur dit : "je vous préviens !"
Je suis le maître à bord, à bord je suis le maître !
Bien des costauds, des forts ont dû le reconnaître
Je vous préviens moi commandant,
Double ration, bon vent, bonne route
Je serai juste et indulgent,
Mais il faudra que l'on m'écoute
Et maintenant le cap au nord ;
Je suis le maître à bord !
2. Pendant quarante jours le navire est en route
Les vents sont contre lui, le mauvais temps aussi
Et bientôt plus de vivres et plus d'eau dans les soutes
On sent que la révolte est à bord et grandit.
S'avançant dans la nuit, quatre hommes fous de rage
Vont l'insulte à la bouche, le couteau à la main
Parler au capitaine, au nom de l'équipage :
"Il faut que tu nous donnes du biscuit et du vin."
Mais lui, le malabar leur dit : "Voyez là-bas
Voyez briller ce phare, c'est le Guatémala."
Je suis le maître à bord, ce soir, demain j'espère
Nous boucherons le port, vous serez mis à terre
Oui mais ici mille sabords
Je n'admets pas la moindre riposte
Je mâterai tous les plus forts
Que chacun regagne son poste
Sur tous j'ai droit de vie, de mort ;
Je suis le maître à bord !
3. Mais la brise a fraîchi, balloté par la houle,
Le trois-mâts va tanguant sous la force du vent
De tribord à bâbord il va, il vient, il roule
"qu'on me donne la barre" a dit le commandant.
Bientôt c'est l'ouragan, on ne voit plus le phare
Les voiles se déchirent et les flots furieux
Emportent un marin, devinant le naufrage
Alors le malabar s'écrie : "Sauve qui peut !
Les canots tous à la mer, que Dieu veille sur vous."
Et tous les matelots crient : "Venez avec nous !"
Non, je suis le maître à bord, je dois le reconnaître
Mes droits me rendent fort, me font parler en maître
Mais le devoir commande encore :
"Demeure au pied du mât d'misaine !
Tu ne dois pas quitter ton bord
C'est le devoir du capitaine."
Et maintenant face à la mort
Je suis le maître à bord