Ces chansons se plaisent, parfois en quelques mots, à nous dépeindre les qualités et les défauts d'un métier. Le point de vue est parfois celui qui travaille. Celui-ci va alors nous expliquer à quel point il pratique le plus beau métier du monde ou à quel point il est malheureux. Le point de vue peut être aussi extérieur et les critiques ("Tu fais là un fichu métier !") peuvent être aussi hyperboliques que les louanges ("Il n'y a personne de plus..."). Les travaux manuels, l'artisanat, les travaux des champs et les métiers de bouche sont bien entendu mis en avant.
Pour les nombreuses chansons sur les marins ou les vignerons, se reporter aux chants de marins et chansons à boire.
144 partitions de chansons sur le thème des métiers
Je recommande aussi l'ouvrage de Paul Olivier, Les chansons de métiers, de 1910, dont voici le début de l'avant-propos :
Un avant-propos ? Est-ce donc nécessaire ? Voilà le marchand de chansons qui passe... Qu'importe d'où il vient, et qu'importe où il va, et qu'importe au besoin d'où viennent ses chansons, pourvu qu'elles soient jolies !
Permettez cependant qu'en honnête marchand qui connaît les usages, il vous tire, mesdames, son humble révérence.
Car c'est pour vous, surtout, pour ranimer leurs roses pâles et débiles aux roses vivifiantes et pourpres de vos lèvres, que furent, en bouquet, assemblées ces chansons. Elles furent cueillies, au reste, dans l'enchantement et dans la joie.
« Rien n'est amusant comme la chasse aux chansons populaires », a écrit un poète, qui fut un fin chasseur ; « avec le métier de peintre-paysagiste, c'est ce qu'il y a peut-être de plus agréable en ce monde » (Gabriel Vicaire, Préface aux Chansons populaires de l'Ain, de M. Guillon.
La chanson, dit un solea espagnole, est une goutte de miel qui déborde du coeur. Cela est vrai surtout de la chanson populaire. Et cette goutte de miel a ceci de merveilleux qu'elle est inépuisable. Elle peut se communiquer toute à tous, et passer de lèvres en lèvres, à l'infini, sans rien perdre de son parfum et de son délicieux nectar.
À l'origine, poésie et musique étaient inséparables. Les chansons populaires sont le suprême vestige de l'art le plus ancien qui ait fleuri au monde. L'air est à la chanson ce qu'est l'aile au ramier. Il s'épanouit avec elle ; leurs doubles effusions se fondent et se marient ainsi que se marient coloris et parfum au coeur ardent des roses.
« Cette musique... dit Richepin - il est impossible, à l'heure actuelle, d'écrire sur la chanson populaire sans que le nom de Richepin accourre aussitôt sous la plume ; il en est le grand ménétrier, et ce qu'il y a de meilleur dans son oeuvre, c'est-à-dire toute son oeuvre, en est amoureusement imprégnée -... cette musique a cela d'admirable qu'elle ne fait pas songer une minute à l'artiste, au compositeur ; on dirait qu'on l'a toujours entendue, qu'on la connaît d'avance, qu'on l'a dans le coeur et sur les lèvres... »