Musique et histoire des arts au collège
10 décembre 2014
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Jean-Baptiste
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Depuis 2009, en primaire comme en collège, l'histoire des arts fait partie intégrante des
programmes. Titulaire d'une mention Histoire des arts, amateur d'art et toujours ouvert à de nouvelles propositions, j'étais très
enthousiaste à l'arrivée de cette nouvelle réforme. Histoire d'une grosse déception.
Une vraie nouveauté ?
La première question qu'on peut se poser, c'est celle de la nouveauté. Les professeurs de primaire ont-ils attendu cette
réforme pour travailler sur les châteaux forts, sur le style de Paul Klee (avant d'en imiter les principes en arts plastiques),
sur le théâtre, sur la danse ? Non, bien sûr. Du côté des professeurs de musique et pour piocher dans mes propres exemples, ai-je
attendu la réforme pour faire le lien entre Moyen Âge et architecture, entre musique concrète et danse contemporaine, entre
Stravinsky et les ballets russes, entre les instruments de musique et l'iconographie Renaissance et Classique en peinture, entre
l'opéra de Lully et le ballet, entre poésie et chanson, musique de guerre et bande dessinée, musique de film et cinéma ? Non,
vous l'aurez compris. J'avais, pour ma part, l'espoir que cette réforme nous donne plus de liberté. Vous souhaitez prendre une
heure pour visiter la cathédrale, d'accord. Vous souhaitez organiser un voyage architecture et musique, d'accord. Vous souhaitez
faire une vraie étude de l'image autour d'une tableau ou d'un film, d'accord. Mais est-ce bien ce qui était attendu de nous dans ces
fameaux programmes ?
Help !
À la lecture des programmes, ma première réaction fut : "What ?". Je n'ai rien compris. Ce que j'ai
cru comprendre, d'autres ont compris l'inverse et inversement... Dans mon collège, il a fallu se mettre d'accord, par consensus,
sur ce que l'on comprenait des programmes. Pourquoi pas. Mais quand l'année suivante, un inspecteur est venu nous dire que l'on
faisait tout de travers et qu'il fallait tout recommencer, nous avons... retouché deux-trois choses. Comme le sujet m'intéressait
énormément, j'ai fait des sondages à droite à gauche et il en est ressorti que les collèges se divisaient en deux : ceux qui passaient
leur temps à se taper dessus et ceux qui avaient trouvé un terrain d'entente. Par contre, chacun faisait ce qu'il avait compris,
donc je n'ai jamais trouvé deux collèges qui avaient compris la même chose. Il en va d'ailleurs de même avec les programmes de
musique, seuls ceux qui les font sont capables de les comprendre. C'est une honte !
Bon admettons !
Le vrai objectif de l'histoire des arts en collège, si j'ai bien compris, est de faire travailler
les professeurs des différentes disciplines ensemble. Très bien. Je ne vais pas vous refaire le coup de "On ne vous a pas attendu
pour ça", même si je le pense. Quelle est, pour moi, le défaut central de cette réforme ? Qu'elle ne donne que des obligations et
aucun droit. Le professeur de musique est, dans le cadre de ces travaux inter-disciplinaires, réduit à ne s'occuper que de musique et le
professeur d'art plastique, que des arts plastiques. Les professeurs de français, qui ont dans leur programme tout un volet sur
l'étude de l'image fixe et en mouvement, sont habilités à travailler sur peinture, sculpture, architecture et cinéma. Il en va
de même pour les professeurs d'histoire-géographie et le tout, sans que cela intervienne vraiment dans leur formation. Pourquoi pas mais
cela crée des frustrations. Ces programmes, en ce qui me concerne, ne m'ont pas permis d'étendre la part d'histoire des arts dans
mes cours de musique. J'ai même entendu, de la part d'un inspecteur disciplinaire, à qui je parlais d'une toile de la Renaissance
que je projetais aux élèves et sur laquelle je travaillais brièvement : "Ça ce n'est pas de l'histoire des arts"...!