Les virelangues
19 février 2018
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Jean-Baptiste
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Les virelangues sont des textes ou de petits poèmes, on pourrait même parler de comptines qui ont pour but, en dehors de leur aspect
esthétique indiscutable, de faire travailler la prononciation, mais aussi la discrimination auditive et également l'attention et la mémoire. Ils sont surtout
utilisés dans les classes de primaire. Quel est leur rôle ? À quoi servent-ils ? Ont-ils aussi un intérêt musical ? Exemples.
La musique des mots
Comme tout poème, le virelangue possède sa propre musique (musicalité pour faire savant). Quand je discute de ceci, bien souvent, un
non spécialiste répond avec la meilleure volonté du monde : « Eh oui le poème a forcément un rythme ». Il a raison mais ce n'est pas tout : le poème, quand
il est bien écrit, a aussi sa musique avec ses hauteurs implicites et ses accents (très différents suivant les langues). Savez-vous, à ce propos, que l'on
parle toujours des accents toniques de l'italien ou de l'espagnol, en oubliant que la langue français en possède également ? C'est bien souvent grâce à ces
derniers qu'un étanger trahit son origine même avec un accent (pas tonique) excellent.
Les virelangues ont une musique supplémentaire, un peu comme les slam, car ils se construisent énormément sur les allitérations :
Natacha n'attacha pas son chat Pacha
Son chat Pacha s'échappa, ce qui fâcha Natacha.
Agathe attacha l'âne au chat,
Natacha natta l'âne.
L'âne a natte s'attache à Natacha.
Agathe gâta l'âne.
Natacha natta l'âne.
L'âne au chat c'est Agathe
L'âne à natte c'est Natacha.
Et le chat Pacha ?
Il s'échappa.
Tant pis !
Ce virelangue est construit sur la première phrase, connue pour être une phrase rigolotte et difficile à prononcer. Il amplifie ses
difficultés pour nous créer un petit bijou d'allitération. On travaille pour commencer sur la syllabe "CHA" pour ensuite s'attaquer à la syllabe "NATTE
que l'on avait tout juste abordée. On a comme un contrepoint à deux voix. Notez que la rime n'a pas d'importance ici. Et le "tant pis !" de la fin qui
vient rompre avec l'ensemble, n'est-il pas curieux ? Oui, il est là pour dire : "C'est terminé !"
HEIN ?
Le virelangue joue aussi sur la compréhension de mots difficiles à appréhender quand ils sont placés à côté :
Pie au nid haut
Caille au nid bas
Pie bâtit haut
Caille bâtit bas
Pie niche haut
Caille s'niche bas
L'hibou s'niche ni haut ni bas
Haut nid pie A
Bas nid caille A
En mare cane est
[...]
Il y a encore beaucoup de choses dans ce texte. Tout y est clair à la lecture mais à l'audition, on se demande bien quelle langue on
écoute. Il faut donc faire un travail supplémentaire pour discréminer les sons, qui forment des mots, qui ont un sens même si le sens n'est pas du tout
essentiel. Et on n'hésite pas à répéter : pie, caille, pie, caille, pie, caille... et stop ! on change d'oiseau. On reviendra à la pie et la caille plus
tard !
AR-TI-CU-LEZ !
Le travail sur l'articulation est très présent dans le virelangue, n'hésitant pas à reprendre des défis bien connus dans la langue
française. L'apprenant devra alors véritablement travailler son texte, comme le fait un chanteur :
Petit truite cuite
Petit truite crue
S'il est malade, à la salade,
Pour qu'il guérisse, à la réglisse
Donnez-lui à minuit huit fruits cuits.
Si ces huit fruits cuits lui nuisent,
Donnez-lui à minuit huit fruits crus.
Tu m'as crue, tu m'as cuite !
Pour aller plus loin
Avant le travail d'apprentissage (ou même en dehors), on peut faire tout un travail d'écoute et d'analyse du virelangue. Les textes
présentés plus haut sont extraits du disque suivant, de Béatrice Maillet :
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Livre Le trésor des virelangues
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