Les tablettes numériques au collège
30 septembre 2014
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Jean-Baptiste
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J'ai très envie de ramener ma fraise aujourd'hui sur un sujet qui me concerne d'assez loin,
encore que je suis parent d'élève, mais qui n'est pas musical, et sur lequel j'aimerais que vous partagiez votre opinion,
vous-aussi : La présence annoncée par le gouvernement de tablettes tactiles pour tous les élèves de collège, prochainement.
Une bonne intention
Oui, oui, c'est très sympathique une tablette, je ne dis pas le contraire. On a tout directement sous
les yeux, le professeur peut faire passer des images, des applications se développeront certainement permettant un travail
en autonomie. Bien. Son faible poids peut lui permettre d'être transportable facilement. Les manuels pourront peut-être commencer de
développer vraiment des versions numériques. Les arguments en faveur ne manqueront pas et ils seront tous très justes.
Et l'informatique
La tablette rentre dans ce fourre-tout rhétorique que l'on nomme "Nouvelles technologies". Il
faudra bien admettre un jour qu'un objet inventé dans les années 60, qui a rejoint les premières entreprises dans les années 70,
qui a gagné les premiers foyers (dont le mien) dans les années 80 et dont l'achat s'est généralisé dans les années 90 n'a plus rien
de nouveau, pour commencer. Ensuite, peut-on parler d'informatique lorsque l'on évoque les tablettes numériques ? La nécessité,
aujourd'hui est de former véritablement les enfants à l'informatique : hardware (qu'est-ce qu'un ordinateur), réseaux (branche très
vaste) et programmation (C++, php, javascript). Ceci ne se fera pas sur l'outil le plus passif qui soit après la TV, la tablette. Seul
l'ordinateur pour tous, ordinateur portable, bien sûr, peut permettre un vrai travail informatique.
Des problèmes techniques
Dans les deux cas, des problèmes techniques importants se poseront. La recharge, pour commencer. Ne
peut-on pas envisager, dans la majorité des salles de classes, se proposer des tables un peu comme les paillasses des salles de science
avec prise secteur et prise réseau ou encore mieux, réseau par courant porteur pour ne pas multiplier les branchements. Ce serait peut-être
plus difficile pour les salles de musique et d'art plastique. Ce n'est pas si grave, les professeurs en profiteront pour faire de la musique
et des arts plastiques. L'énorme problème des tablettes, ce sont les ondes wifi. Prouvé ou non, des milliers et peut-être des millions de
personnes plus fragiles que d'autres souffrent de forts maux de tête après des durées d'expositions très différentes aux ondes ;
Certains immédiatement, d'autres après 10 minutes, d'autres à la fin de la journée. Va-t-on choisir de pratiquer la politique de
l'autruche avec nos enfants ? D'abord on achète les tablettes, on équipe tous les établissements de WIFI avec de multiples bornes
ou un routeur particulièrement puissant pour être sûr qu'il atteigne chaque salle de l'établissement ou bien peut-on envisager de
faire les choses dans l'ordre pour une fois ?
Les autres questions posées
Les questions d'obsolescence, de vol, de formation des enseignants et du coût sont bien réelles
mais m'intéressent moins. Par contre, j'ai lu, il y a peu de temps, le témoignage d'un professeur qui craignait que la tablette ne
remplace le crayon, ce qu'il qualifiait d'inquiétant. D'autres professeurs lui répondaient que les deux cohabiteraient certainement en bonne
entente. J'ai un troisième avis. Bien sûr que la tablette va remplacer le crayon mais cela n'a rien d'inquiétant. Ca arrivera, c'est tout.
L'ordinateur a commencé de remplacer le crayon
depuis trois décénies mais encore bien avant cela, l'écriture n'a cessé de perdre de l'importance. Les enseignants en ont la nostalgie
et on peut les comprendre mais quelle est la différence entre : "Les élèves ne savent plus faire de jolis pleins et déliés" et "l'ordinateur
et les smartphones sont en train de tuer l'écriture". Il n'y a qu'une différence d'époque. Simone de Beauvoir se désolerait de
voir le peu d'importance qu'un professeur de français ou professeur des écoles apporte à sa graphie. Les professeurs actuels se désolent
de la disparition progressive du stylo plume. C'est du même ordre d'idée. Les choses ont changé, c'est tout.
Une idée reçue
Une fausse affirmation qui circule dans le milieu enseignant et ailleurs : "Les élèves passant leur
temps sur l'ordinateur et les téléphones, ayant toujours connu l'informatique se débrouillent très bien et n'ont pas besoin de
cours". C'est tout à fait inexact et de plus en plus inexact, d'ailleurs, vu que les enfants passent de plus en plus de temps sur
les téléphones et de moins en moins sur les ordinateurs. Mais en dehors de cela, je peux vous dire qu'un élève de troisième qui connaît
autre chose que les fonctions de base de windows et de ses trois logiciels préférés est très rare et je n'ai jamais croisé un seul
élève qui programmait ou qu'un possédait son propre site web (en dehors des blogs). C'est pour cela que je me permets de répéter que
les élèves ont besoin de vrais cours d'informatique, dispensés par de vrais professeurs d'informatique. Je crois qu'il est amplement temps.
Les tablettes ne seront d'aucun secours dans cet entreprise.