Plus que pour n'importe quelle chanson, on retrouve pour
Le chant des partisans des versions très très différentes depuis les 78 tours jusqu'à aujourd'hui. J'ai eu l'occasion de travailler sur
la chanson d'Anna Marly avec des élèves de troisième (qui travaillaient sur la seconde guerre mondiale, par ailleurs, en cours d'histoire). Outre l'apprentissage de la
chanson, une partie du travail consistait à comparer plusieurs versions de cette chanson, au niveau tempo, intensité, accompagnement, esprit, introduction et même les paroles.
On se rendait alors bien compte qu'au delà de l'aspect historique du texte de Joseph Kessel et Maurice Druon, la chanson a fasciné de nombreux chanteurs, qui ont repris à
leur compte ce message de révolte, de rébellion, de résistance bien que l'ennemi ait changé de forme...
Voyons ensemble les principales versions du Chant des Partisans, classées par ordre chronologique. J'ai trouvé une information qui m'a appris qu'Anna Marly
avait elle-même interprété ce chant en pleine occupation allemande, mais je n'en ai pas trouvé d'enregistrement. Il existe encore bien d'autres versions.
Germaine Sablon, 1946
Un petit orchestre, formé d'un tambour, deux trompettes, contrebasse, deux clarinettes, deux violons, flûte, mais finalement l'orchestration est très
sobre et les instruments ne jouent jamais en tutti. On pourrait rajouter les sifflements de la fin. L'harmonisation également est très sobre, ce qui sera le cas dans toutes
les versions. Ceci est dû à la structure du chant lui-même ; il est très difficile de multiplier les accords sans faire quelque chose d'assez farfelu. L'harmonie reste donc
autour de l'accord de tonique, ici Do majeur. Cette version que j'appellerais « historique », chantée au lendemain de la guerre, possède une force et une intensité certaines.
Le tempo est rapide ; ce sera le plus rapide de toutes les versions à venir.
Yves Montand, ~1960
Une autre version très importante qui se situe en hommage au conflit mondial avec cette introduction reprenant une chanson allemande, joyeuse, mais
couverte par un discours d'Hitler et des bruits de bottes, qui vont devenir percussions, battant la mesure. Le premier couplet est parlé. Accompagnement minimaliste, un
accordéon suit la mélodie avec quelques accords (tonique / dominante). Un dernier couplet chanté sans paroles, à l'unisson par un petit choeur.
Léo Ferré, ~1970
Il y a quelques particularités intéressantes dans cette version : pour commencer, elle est a cappella (+ un tambour). On note la présence du petit choeur
mixte qui murmure la mélodie. D'abord à l'unisson avec le chanteur puis en canon. Ce n'est pas un canon très académique mais peu importe, ça fonctionne plutôt bien.
Zebda, 1997
C'est dans le disque Motivés que l'on retrouve cette version du Chant des Partisans, aux accents éminemment politiques. Mais ici, c'est la musique
qui nous intéresse. Un accompagnement très simple, à l'identique des autres chansons du groupe, la batterie, une guitare acoustique rythmique, une autre soliste, qui fait des
riffs. On a du matériel original, rajouté à la chanson : pour commencer, les mots "motivés, motivés", rajoutés en guise de refrain, ainsi que la transformation de la mélodie des
couplets.
Johnny Halliday, 1998
C'est sur une très belle musique d'accompagnement que le chanteur propose un premier couplet parlé, comme son aîné (voir plus haut) suivis de trois couplets chantés, d'une
grande intensité, comme sait le faire Johnny. Un tempo modéré a été choisi. La tonalité de ré majeur lui permet, une fois n'est pas coutume, de ne pas trop monter dans les aigus,
qui sont pourtant sa spécialité.
La légion étrangère, ~2000
Cette version est intéressante sur un point : son tempo lent. Pourquoi avoir choisi un tempo si lent ? Quel est le tempo de la version de Germaine Sablon,
certainement le tempo dans lequel a été pensé la chanson ? 120 à la noire, ce qui fait 2 temps par seconde, exactement le rythme des pas de l'armée française. La Marseillaise et tant d'autres musiques militaires s'interprètent à 120 à la noire. Je dis le rythme des pas de l'armée française oui, sauf... ! la légion qui, elle, embête tout le monde
pour le défilé du 14 juillet en marchant plus lentement. Ainsi, tous leurs chants ont un petit 75 à la noire.
Et vous, connaissez-vous d'autres versions ? Quelle est votre préférée ?
Ferré n'a jamais chanté cette chanson, c'est Marc Ogeret ..
Narduccio le 2017-03-12 à 16h26
Celle de la Légion Étrangère me prend aux tripes... Peut-être justement à cause de son rythme très lent qui donne une grande solennité et une charge émotive très grande. Les mots ont le temps d'être entendus et interprétés par notre cerveau. Quant à l'accompagnement, je le trouve superbe. Sobre, mais il met bien en valeur la tension propre à la chanson : "on va devoir aller au combat, cela ne nous plait pas toujours, mais, pour défendre nos valeurs, il faudra y aller et accepter le sacrifice ultime.é De nombreux chants de guerre mettent la Gloire, les honneurs en avant. Le Chant des partisans n'est pas un chant militaire, c'est le chant d'un peuple qui va devoir se battre pour sa survie
Tyned le 2017-03-09 à 11h01
Le chant des partisans tout comme les Allobroges et la sonnerie aux morts sont des chants qui me mettent tous les poils au garde à vous à chaque fois. C'est intense et riche en émotions.
La toute 1ère version que j'ai écouter enfant c'est celle-ci. Mon Père était féru des Choeurs de l'Armée Rouge. C'était un 33 tours qu'il mettait sur son tourne disque que l'on avait pas le droit de toucher.
J'aime beaucoup cette version si dessous ainsi que celle de Léo Férré
Cadeau pour toi Jean Baptiste
lionel93 le 2017-03-09 à 09h49
Encore une fois l'originale. Hallyday, j'aime pas du tout. Montand et Ferré s'en sortent bien. Et Zebda c'est pour faire la fête, bon pourquoi pas on peut rire de tout. Mais face à la réalité de ce qu'évoque cette chanson, ils rigoleraient un peu moins.