La musique répétitive est la musique minimaliste initiée par Steve Reich, Terry Riley et Philip Glass dans les années 60. Je ne reviens pas
davantage sur l'histoire de ce mouvement qui perdure aujourd'hui, principalement grâce au travail de Steve Reich, pourtant pas tout jeune. Mais comment peut-on
l'utiliser dans les classes de primaire et peut-être plus encore de collège ? Que peut-on apporter aux enfants ? Comment l'appréhender ?
L'audition
Faire écouter de la musique répétitive, c'est aborder la musique contemporaine, la musique du XXème siècle avec quelque chose
qui ne fait pas peur à la première écoute et ceci est intéressant. Ensuite, les éléments culturels apporteront forcément une base intéressante à l'élève mais
surtout, au niveau musical, l'attention pourra être portée sur des motifs mélodiques très simples, qui seront repérés facilement et reconnus par la suite,
au fur et à mesure de leurs répétitions, déformations, allongements... En outre, les musiques de Steve Reich racontent parfois des histoires, avec des voix,
des bruits de la rue, ce qui aide encore à l'attention des élèves.
Clapping music
Clapping music, c'est
un simple rythme, de deux mesures, qui se répète à l'envie et qui peut être noté en 12/8 ou en 3/4 (je l'entends personnellement en binaire). Une deuxième voix
apparaît ensuite en canon, puis une troisième et jusqu'à six, si on le souhaite. On peut utiliser les mains (formidable, il n'y a besoin d'aucun matériel),
ou des claves ou plusieurs instruments de hauteurs différentes si l'on est à plusieurs voix.
Pour commencer, on peut mettre la classe d'un côté, le professeur de l'autre. Dans ce premier exercice, le but sera de tenir sa partie.
Il sera bon, d'ailleurs de commencer avec un tempo plutôt lent. Pour terminer, on peut créer soi-même un rythme deux mesures, qui sera lui-aussi tapé de
manière répétive, en canon à deux ou plusieurs parties.
On peut regarder aussi Clap music et Little clapping music du même auteur.
Les métronomes
C'est sur une simple idée que György Ligeti a créé son Poème symphonique pour 100 métronomes ; aucune partition
nécessaire. Le principe ? On rassemble cent métronomes analogiques, on les règle tous à une vitesse différente et on balance la sauce, jusqu'à ce qu'ils
s'arrêtent tous. J'ai eu l'occasion de voir ça sur scène à Dijon. Un mois auparavant, toutes les bonnes volontés du conservatoire avaient été mises à
contribution pour prêter un métronome. Le résultat est assez fascinant ; il se passe vraiment des choses au niveau de ce qu'on appelle la Phase music,
qui a beaucoup agité Steve Reich. Voir Piano phases, Different phase...
En classe, on se contentera de ce qu'on peut trouver à droite et à gauche. Avec seulement quatre métronomes, réglés à des tempos pas
trop différents, il se passe déjà quelque chose. On peut tout à fait envisager de couper avant la fin de l'expérience, ou même de commencer avant l'arrivée
des élèves.
Création mélodique
Le principe est d'inventer un motif de 5 notes (exemple : ré mi sol si la), de chanter ou de jouer (métalophone, xylophone, piano,
clavier...) ces notes, en continu, comme si nous avions une mesure en 5/8. Ensuite, différentes choses possibles :
- On se divise en deux, on joue en canon, décalé de deux notes.
- On double le tempo, on divise le tempo par deux, on superspose
- On crée un motif extension du premier (exemple : ré mi sol si la si la). On superpose.
- En trois groupes, chaque motif a un numéro, on montre le numéro avec des doigts et on fait partir d'un geste très net.
Le professeur, s'il est au piano, peut accompagner avec des accords de mim, do, ré, en marquant les temps à la basse.
In C
En mélangeant la création précédente et In C, de Tery Riley (1964), on peut créer de petits motifs mélodiques ou rythmiques, qui seront numérotés, joués de manière répétitive en
fonction des demandes du chef d'orchestre (l'enseignant). Leur nombre dépendra du niveau et de l'investissement des élèves.