Démissionner de l'éducation nationale
14 septembre 2013
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Jean-Baptiste
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Professeur agrégé de musique pendant 12 ans, j'ai choisi, fin 2012, de démissionner de l'éducation nationale pour me consacrer pleinement à mon activité
de Webmaster de 12 sites web, d'écriture de partitions et de cours en ligne. Les causes sont multiples.
En 2011, suite à un grave problème de corde vocale, ma voix est devenue fatiguée, ordinaire, voire inintéressante. Cette voix était un véritable atout dans mon métier,
elle ne me lâchait jamais, même après 7 heures de cours, elle me permettait de passer d'une classe agitée à une classe attentive, me valait quelques chuchotements
en début d'année : "Il chante trop bien le prof", ou ce que je considère comme le compliment ultime : "J'aimais pas cette chanson avant mais maintenant je l'adore".
Et subitement, tout ce qui concernait le chant s'est retrouvé de seconde importance. Je me servais de ma voix le moins possible, donnais les exemples au piano. La lueur
dans les yeux des élèves a disparu.
Quelque chose s'est brisé
Je dirais que je l'ai plutôt bien vécu mais quelque chose s'est cassé dans mon métier, ce métier d'enseignant que j'ai véritablement choisi. Je voulais être professeur. Professeur
en école, professeur de mathématique ou autre, m'importait peu, je voulais enseigner. Ce métier m'a apporté de grandes joies, je pense et j'espère avoir pu, en tant que
professeur ou professeur principal, aider quelques élèves à prendre ou reprendre confiance en eux, à retrouver foi en l'école, à retrouver un peu de calme et d'équilibre.
Mais beaucoup d'émotions, beaucoup d'affects tournent autour de l'école, particulièrement du collège, autant dans les salles de classe que dans les salles des professeurs. Je ne souhaite
absolument pas faire le procès de l'éducation nationale, j'y ai rencontré des gens formidables vraiment concernés par le sort des élèves mais de nombreux dysfonctionnements m'ont amené
à reconsidérer un choix de carrière que je pensais définitif.
Fin 2012, j'ai commencé à voir les fruits de mon travail sur internet vraiment récompensés. Mes tarifs sont particulièrement attractifs pour le nombre de documents proposés mais comme
je suis amené à toucher un public international, je me rattrape sur le nombre de Membres. La publicité, les cours et les abonnements Membres Plus me permettant de me
dégager un salaire, je fais le choix définitif de la démission.
Pourquoi une démission et non une disponibilité ?
L'éducation nationale m'a proposé une prime, nommée
Indemnité de Départ Volontaire (IDP), pour une démission et
création d'entreprise. J'ai dû fermer mon auto-entreprise pour devenir Entrepreneur individuel (toute une histoire, ce sera le sujet d'un autre article). Je perds techniquement le bénéfice de mon agrégation et je n'ai pas le droit
de me présenter à un concours de la fonction publique pendant 5 ans. La prime était d'une hauteur de 21 000 euros imposables. J'ai pu avec cette somme aménager un petit bureau confortable dans mon
habitation ardéchoise, renouveler et compléter le matériel de base (musique et informatique), acquérir des licences logicielles coûteuses...
Parallèlement, et pour ne pas me retrouver à travailler seul à longueur de journée, je suis chef de choeur et pianiste accompagnateur semi-professionnel.
"Est-ce que ton métier ne te manque pas un peu ?", me demande-t-on souvent. Les enfants, oui. Mon métier... non.