Je viens de regarder le film Le Virtuose, en anglais Boychoir (choeur de garçons), qui date de 2014, avec Dustin Hoffman dans
le rôle principal. Ma femme a adoré mais je ne peux pas en dire autant. Je n'ai pas passé un mauvais moment ; les acteurs sont bons, l'histoire, bien que prévisible,
sans aucune surprise du début à la fin, tient à peu près la route mais la musique est bien souvent maltraitée et les incohérences sont légions quand il s'agit de
rentrer vraiment dans le sujet de la musique. Des choix audacieux ont été faits. Peut-être trop audacieux.
Hoffman musicien
Pour ceux qui, comme moi, ont adoré le film Tootsie, sensiblement plus vieux, on y voit Dustin Hoffman s'accompagner au piano. Ce
genre de choses est souvent truquée, là ça ne l'est pas. Donc, ok, il est musicien ou un peu musicien. Sera-t-il meilleur dans ce rôle de chef de choeur pianiste ?
Pas vraiment car ce n'est pas un grand pianiste et l'entendre enfoncer ses pédales comme un amateur est douloureux pour les oreilles. Ses qualités de chef sont
également rachitiques et se limitent à battre la mesure à deux bras sans aucune expression. Dommage !
Il y a génie et génie
Dans l'histoire, le jeune Stet, par un concours de circonstance et une voix prometteuse, rejoint une maîtrise américaine très sélective. Les enfants
y sont entraînés, lisent parfaitement la musique et ont déjà une solide expérience. Se forgeant une réelle motivation, le héros décide d'apprendre à lire la musique et...
miracle, comme son potentiel est gigantesque, deux trois cours en accéléré auront suffi à le transformer en Mozart. Donc génie du chant, génie au niveau de l'oreille
et génie au niveau de la compréhension de la théorie. Bravo... Too much !
Des voix maltraitées
Il semblerait que l'échauffement et le travail de la technique vocale soit le cadet des soucis des professeurs. C'est ennuyeux car avec la façon dont
les voix sont poussées, c'est bien une heure d'exercices et de montée progressive de la voix qui seraient nécessaires. En outre, on répète, mais on n'apprend jamais.
Un Haëndel maltraité
Le Messie ? The Messiah, superbe ! Mais aurait-on oublié de dire au réalisateur François Girard que cet oratorio ne se limite pas à son célèbre
Hallelujah ? Dans l'intrigue, il faut chanter le Messie et il faut un solo. La seule façon de résoudre cette énigme n'est pas d'aller chercher les parties solistes
de la musique du maître allemand mais d'écrire une partie soliste PAR DESSUS la musique pour 4 voix mixtes. Ça ne fonctionne pas du tout. L'ingénieur du son a été
obligé de jouer des coudes pour faire passer le truc au forceps mais ce n'est pas respectueux des spectateurs musiciens.
Dans le film, les non-musiciens se prennent du vocabulaire technique rapidement imbuvable pour eux mais les musiciens restent sur leur faim avec
un film qui manque cruellement d'un vrai conseiller musical.