Mais où sont les mots d'antan ?
06 mai 2019
|
Jean-Baptiste
|
|
Je ne cache pas mon affection pour Brassens ; je lui ai déjà réservé deux articles et j'en prévois d'autres. Dans cet article,
je voudrais vous parler d'un livre que je viens de découvrir, un dictionnaire Georges Brassens. Plus qu'un dictionnaire Brassens, il s'agit d'un
dictionnaire de mots anciens, ou d'utilisation non quotidienne, utilisés dans les chansons de Brassens. L'auteur, belge, Jean-Louis Garitte est un
écrivain passionné de chansons à textes. Il a déjà publié Le dictionnaire Brassens et Parlez-vous le Brassens, aux éditions
L'Opportun et Le Bord de l'eau.
Présentation
« Chez moi tout part des mots, je suis un amoureux des mots » avait coutume de dire Brassens. Quoi de mieux alors qu'un
dictionnaire pour redécouvrir l'oeuvre de cet « affamé de poésie » ? Jean-Louis Garitte invite ainsi tous les amoureux de la chanson et de la
langue française à flâner parmi les airs et les textes d'un des plus grands poètes, auteurs-compositeurs et interprètes du XXème
siècle : expressions et vocabulaire d'antan, références historiques et littéraires, jurons piquants ou expressions argotiques. C'est toute la
fantaisie du style de Brassens que le lecteur est amené à redécouvrir à travers les différentes entrées du dictionnaire.
Voici mes mots préférés, pour découvrir ce dictionnaire si original, que je vous conseille.
Anarchie n. f.
Hécatombe - La collision
"Mort aux vaches, mort aux lois, vive l'anarchie !"
Sens commun (négatif) : Désordre dû à une carence ou une absence d'autorité. Défaut d'organisation. Confusion. Anomie.
Argousin n. m.
Corne d'Aurochs
"On a su qu'il avait un petit cousin haut placé chez les argousins"
Agent de police
Bas officier des galères. Personne chargée de surveiller. Surveillant des forçats.
Béotien n. m.
Montélimar - Jeanne Martin
"Les aoûtiens, les béotiens qui font ça n'ont pas d'âme, non, que leur bute presto contre un poteau."
Personnage lourd, peu ouvert aux lettres et aux arts, de goûts grossiers, ignorant. Personne profane. Voir
Philistin.
Orig. "Habitant de la Béotie (province de la Grèce antique), réputé pour sa lourdeur.
Enchifrené adj. Vx.
Tonton Nestor
"Elle moucha le nez d'un enfant de chœur qui, par bonheur, était enchifrené."
Qui a le nez embarrassé par un rhume.
Fesse-mathieu n. m.
La femme d'Hector
"Chantons pas la langue des dieux pour les balourds, les fesse-mathieux".
Avare, usurier, personne qui prête sur gages.
Orig. : proprement "Celui qui bat saint Mathieu", Matthieu (avec 2 t) symbolisant la profession d'usurier, de changeur. En effet, Matthieu pourrait avoir été
changeur avant sa conversion.
Goualante n. f. Arg
Entre la rue de Didot et la rue de Vanves
"Poussant une autre goualante, y'aurait à ma place un autre cabot".
Chanson, comptine populaire et réaliste.
Jarnidieu
La ronde des jurons
"Les sacrebleu et les cornegidouille, ainsi, parbleu, que les jarnidieu et les palsambleu".
Juron ancien utilisé pour exprimer un sentiment, pour renforcer une affirmation.
Misaine n. f.
Lèche-cocu
"Si le mari faisait du bateau, il lui parlait de tirant d'eau, de voiles, de mâts, de misaine"
Marine : voile principale, basse, du mâts de l'avant d'un navire.
Mâts de misaine : mât vertical à l'avant d'un navire, situé entre le grand mât et le beaupré ; c'est le mat qui porte la misaine.
Philistin n. m.
J. Richepin.
Philistins
"Philistins, épiciers, tandis que vous caressiez vos femmes"
Personne de goût vulgaire, fermée aux arts et aux lettres, aux nouveautés.
Ratichon n. m.
La messe au pendu - Le mécréant repenti
"Ce ratichon fit un scandale et rugit à travers les stalles : Mort à toute peine de mort !"
Prêtre.
Orig. : de
rat : aumônier des prisons.
Souventefois Loc. adv. Vx
L'Orphelin
"Les plaies du coeur guérissent mal, souventefois, même, salut, elles ne se referment plus."
À maintes reprises, souvent, fréquemment. On peut écrire
souventes fois.
Turlupin n. m. Class.
Le pornographe - La religieuse
"Aujourd'hui que mon gagne-pain, c'est de parler comme un turlupin."
Bouffon, puis fainéant, poltron, vaurien. Homme qui fait des plaisanteries grossières, des jeux de mots d'un goût douteux.
Orig. : surnom choisi par un auteur de farces d'après d'après un terme d'origine inconnues désignant vers 1300 une secte
d'hérétiques. En 1615 signifie "faire des farces".
Turlupinade : plaisanterie (de mauvais goût).