Mon CAPES d'éducation musicale
08 octobre 2014
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Jean-Baptiste
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J'étais entré en faculté de musicologie, à Dijon, dans l'espoir d'obtenir une licence et passer le
concours de professeur des écoles, métier auquel je me destinais depuis tout petit. Arrivé en fin de licence de musicologie, j'ai tenté
ce concours et me suis inscrit en même temps à la préparation Capes. Les circonstances m'ont fait pencher vers cette deuxième voie, pas
si éloignée de la première. Récit au présent du passage du concours.
L'écrit
Les quelques trois cents candidats au Capes, en cette année 2000, sont conviés au centre
d'examens de Cachan. Le solfège pour commencer ? Soit ! Pas de réelle difficulté mais des épreuves différentes de celles auxquelles nous avons
été préparés. Bon, ça devrait passer tout de même.
L'harmonie ? C'est ma spécialité, je suis confiant. Épreuve de 6 heures. Je sors après 4
heures, je ne suis pas le premier mais le deuxième. Mais bon, le premier est sorti au bout d'une heure, alors je ne sais pas si ça compte...
La dissertation ? Épreuve de 6 heures. Je n'ai pas assez bossé (presque pas d'ailleurs), c'est sûr. Je le sais. C'est
mon gros point faible. La période Néo-classique... Aïe... qu'est-ce que je vais bien pouvoir bafouiller ? Allez, je me lance
mais je n'attends pas de miracles !
L'oral
Cette fois nous sommes conviés au conservatoire du 19ème arrondissement de Paris.
Pourquoi pas. Je loge chez ma soeur à Montmartre, ce n'est pas très loin. Ah ! Mauvaise surprise. Je suis le dernier de la liste de Dijon et
je ne passe pas avec les copains. Ils passent mercredi, jeudi, vendredi et moi jeudi, vendredi, lundi, aux aurores, à 8 h pour les
épreuves sans préparation, à 7 h pour l'épreuve sur dossier. Yish ! Moi qui ne suis pas un lève-tôt !
Instrument et chant ? Ras. Je chante mon Händel, je joue mon Grieg au piano. Le jury n'est pas...
hyper à fond dans l'truc mais bon... je peux comprendre.
Épreuve sur dossier ? Il s'agit de préparer un cours avec des documents imposés, un chant, une
oeuvre. J'ai la fugue avec comme oeuvre le Dies Irae de Mozart et un petit chant dont j'ai oublié le titre. Je fais quelque
chose de correct, je pense, mais, grande gueule que
je suis, je termine une des réponses d'entretien par : "Par contre, si je dois travailler la fugue au collège, je choisirai une
fugue simple, de Bach, par exemple, et pas une fugue double pour commencer". Je vois le membre du jury de gauche blêmir. C'est lui qui
avait proposé le sujet. Je me suis trouvé mal noté. Rien de catastrophique mais une note qui ne me correspondait pas, je trouve.
Le commentaire ? Ah... on finit en apothéose ! Trois écoutes, trois temps de pause pour mettre au
point les idées et le commentaire à venir. Petite salle... fenêtre ouverte avec les camions qui passent, les motos qui pétaradent et les voitures qui
klaxonnent... hum... les membres du jury qui commencent à discuter... quelqu'un frappe à la porte... un des membres du jury vient
discuter avec lui porte à demi-ouverte... DES CONDITIONS DÉPLORABLES ! Et au moment de la prise de paroles, j'ai droit à cette
phrase merveilleuse : "Vous avez eu droit à une minute de plus.". MERCI !! J'étais tellement tendu que j'ai fait un commentaire de
piètre qualité. J'ai eu trois fois de suite la question : "Mais alors quelle était cette oeuvre ?" posée de trois manières
différentes alors que l'on apprend, dans les cours de commentaire, que la reconnaissance de l'oeuvre est secondaire. J'ai dû
répondre à trois reprises, de trois façons différentes, que je ne connaissais pas cette oeuvre. L'entretien s'est terminé par
cette phrase superbe de condescendance : "Mais comment ? Vous ne connaissez pas les motets à cinq voix de Jean Moutons ?". Aïe !
Aïe ! Aïe ! Je crois que j'ai répondu une connerie à ce moment-là parce qu'ils n'étaient pas contents.
Ah... la toute puissance du jury. On a votre note et potentiellement votre avenir entre nos mains.
Nous n'avons rien à faire, vous avez tout à faire. Ce pouvoir est beaucoup trop dangereux dans les mains des premiers venus. C'est
une lourde responsabilité qui l'on ne peut pas confier à n'importe qui. Le positif de l'histoire c'est que j'en ai tiré une leçon
et j'ai toujours offert beaucoup de bienveillance aux candidats du bac musique ou bac histoire des arts.
Résultats ? Avec mon manque de travail sur les sujets de dissertation (coeff. double), mon mot
malheureux pendant la leçon (coeff. double) et ma prise de tête avec le jury de commentaire (qui s'est soldé par un 2/20 !), la
note finale n'était pas très intéressante, je ne vous le cache pas. J'étais même classé dans le dernier quart, au niveau national.
C'était un peu humiliant même si je ne pouvais m'en prendre (à peu près) qu'à moi-même. Je ne savais pas que quelques années plus tard,
il en sera tout autrement des épreuves d'agrégation.